Ce 1er mai 2025, les rues semblent figées. Le soleil est pourtant bien levé, mais tout est fermé : cafés, boulangeries, supérettes, même les rideaux métalliques des pharmacies ne bougent pas. L’administration a verrouillé la journée, comme un avertissement à ceux qui auraient voulu travailler.

Pas un client, pas un bruit de moteur. Et pourtant, à intervalles réguliers, des silhouettes apparaissent : un couple, une famille, une grand-mère assise sur un pliant. Tous proposent du muguet. En pot, en sachet, ou simplement cueilli et noué. Les brins changent, mais l’intention reste la même : tenter de gratter trois sous.

Ce n’est pas le muguet qui interpelle. Ce sont les regards, la concentration, l’endurance. Tous sont là tôt, parfois dès l’aube. Tous ont visiblement besoin de ces quelques euros. Le paradoxe est cruel : interdits de travailler pour gagner leur vie, certains viennent vendre quelques fleurs pour ne pas s’enfoncer plus encore. La Fête du Travail devient un jour où le travail est interdit à ceux qui en ont le plus besoin.

La loi protège les salariés — mais que dire de ceux qui n’en sont pas, ou plus ? Les indépendants, les précaires, les familles sans droit au chômage… Pour eux, pas de jour doublement payé. Seulement l’interdiction, et parfois même la menace d’une amende s’ils osent ouvrir leur boutique.

Et pendant ce temps, d’autres — plus haut dans la chaîne — continuent à faire tourner leurs dividendes, férié ou non.

En 2025, la Fête du Travail ne devrait plus rimer avec hypocrisie silencieuse. Elle devrait poser une question simple : travaille-t-on encore pour vivre, ou pour éviter de sombrer ?

Nota Bene :

Ce 1er mai, c’est le paradoxe qui saute aux yeux : on interdit de travailler au nom du droit au repos… mais ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre, eux, continuent à se lever. Même pour vendre des fleurs.

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