Aides aux apprentis : quand l’État choisit la facilité plutôt que l’avenir
Décidément, quand il s’agit de serrer la ceinture, ce sont toujours les mêmes qui passent à la caisse. Le budget 2026 le confirme : parmi les nombreuses coupes prévues, l’apprentissage est l’un des premiers touchés. Un comble, quand on prétend vouloir “investir dans la jeunesse”.
Derrière les grands discours sur la “valeur travail”, on trouve une réalité beaucoup moins glorieuse. Plusieurs aides liées à l’apprentissage vont disparaître : avantages fiscaux pour les entreprises, soutien aux salaires des apprentis, et même l’aide de 500 euros pour le permis de conduire. Cette dernière, pourtant symbolique, faisait la différence pour beaucoup de jeunes qui commencent à 16 ou 17 ans, souvent loin de chez eux, sans autre moyen de transport.
Le résultat est simple à comprendre : ces coupes vont faire baisser le revenu mensuel net de centaines de milliers d’apprentis, parfois d’une centaine d’euros. Quand on gagne entre 700 et 950 euros par mois, c’est colossal. On parle ici de jeunes qui travaillent, qui se lèvent tôt, qui apprennent un métier manuel ou technique, pas d’assistés, pas de profiteurs. Mais visiblement, c’est plus simple de rogner sur ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre que d’aller chercher l’argent là où il dort.
Un rapport sénatorial récent l’avait pourtant rappelé, l’apprentissage est l’un des rares dispositifs qui fonctionne encore en France. Le taux d’emploi des jeunes passés par cette voie dépasse 70 % dans les six mois suivant leur diplôme. Ce n’est pas un hasard si les pays qui valorisent leurs filières techniques sont aussi ceux où le chômage des jeunes est le plus bas.
Mais la logique budgétaire, elle, est implacable. On coupe ce qui est concret pour sauver ce qui est symbolique. On parle de “sobriété des dépenses publiques”, alors qu’en réalité, on sacrifie ce qui rapporte à long terme : la compétence, la formation, la dignité du travail.
Ce qui choque, ce n’est pas seulement la mesure elle-même, c’est ce qu’elle dit de notre époque : on préfère subventionner la voiture électrique chinoise que le jeune Français qui apprend à réparer une boîte de vitesses.
Nota Bene :
Supprimer les aides aux apprentis, c’est renoncer à une partie de notre avenir industriel. À force de mépriser ceux qui apprennent, on finira par ne plus rien savoir faire.
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