Il fut un temps où l’on pouvait reconnaître une voiture au premier coup d’œil. Une calandre suffisait à deviner la marque, une ligne de phare à identifier le modèle. Aujourd’hui ? À distance, impossible de savoir si ce SUV électrique qui te double est une Kia, une Peugeot ou une Tesla. Même les logos semblent interchangeables, comme si le design automobile avait lui aussi été mis sous tension.

Les constructeurs s’en défendent : ce n’est pas de la paresse créative, mais une nécessité aérodynamique. Pour consommer moins, il faut offrir le moins de résistance possible à l’air. Résultat, les designers ont sorti la règle, le compas et l’excuse magique “le Cx”. Des silhouettes lissées, des capots plongeants, des poignées affleurantes, et des flancs uniformes. Bref, tout ce qui faisait le charme d’une voiture disparaît, remplacé par un profil de savonnettes premium.

Alors oui, les SUV électriques sont plus efficients. Mais à force de chercher le rendement parfait, on en oublie que la voiture, c’est aussi une émotion. On achète une ligne, un regard, un caractère. Pas un tableau Excel. Les publicités vantent des “nouvelles sensations de conduite”… qu’on peine à distinguer d’un modèle à l’autre. Même le bruit du moteur a été remplacé par un petit son artificiel de vaisseau spatial, comme si l’on roulait dans un aspirateur futuriste.

Cette standardisation va bien au-delà du design. Les interfaces se ressemblent, les tableaux de bord se copient, les menus sont identiques jusqu’aux icônes. La voiture devient un smartphone sur roues, sans surprise ni aspérité. On la met à jour comme une appli, on la déverrouille à distance, on lui parle pour régler la climatisation. Et pendant ce temps-là, le plaisir de conduire s’évapore doucement.

Mais au fond, qui est fautif ? Les ingénieurs ? Les normes ? Ou simplement nous, consommateurs, à la recherche du confort et du silence absolu ? Peut-être qu’un jour, les constructeurs oseront de nouveau prendre des risques, redonner du style et du panache à leurs créations. En attendant, il faudra bien s’habituer à croiser sur la route des SUV électriques tous identiques, interchangeables comme des prises de recharge.

Nota Bene :

Le design automobile entre dans une ère de conformité totale. Et si, paradoxalement, c’était en cherchant à se distinguer que les marques avaient fini par s’effacer ?

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