C’est un peu l’histoire d’un film que tout le monde voulait voir mais dont personne n’a voulu acheter le billet. La fameuse taxe Zucman, censée faire payer davantage les multinationales et les très grandes fortunes, vient d’être rejetée à l’Assemblée nationale. Ironie du sort : c’est une taxe que presque tous les partis disaient soutenir. Mais quand il a fallu lever la main, chacun a préféré regarder ailleurs.

Officiellement, les désaccords portent sur la méthode, le calendrier, les chiffres. Officieusement, c’est du billard politique à trois bandes : certains ont voté contre pour pousser le Parti socialiste à tenir sa promesse de motion de censure, d’autres pour garder la main sur le budget, d’autres encore juste pour embêter le voisin. Résultat : la taxe est rejetée et tout le monde se félicite d’avoir joué “stratégique”.

Le problème, c’est que le PS avait promis de censurer le gouvernement si cette taxe n’était pas votée. Le voilà donc face à son propre piège : censurer par principe, au risque de faire tomber le gouvernement, ou reculer et passer pour incohérent ? Dans les deux cas, il perd. Et les autres partis s’en frottent les mains.

Au-delà du jeu politique, cette séquence dit quelque chose de notre pays. En France, on adore parler de justice fiscale, à condition que ce soit les autres qui la fassent. On applaudit le principe, on s’indigne de l’injustice, puis on découvre mille bonnes raisons d’attendre. Comme si taxer les très riches menaçait soudain notre propre confort.

Pendant ce temps-là, les déficits continuent de grimper et la confiance publique s’effrite. La taxe Zucman n’aura donc pas servi à remplir les caisses, mais au moins à révéler nos contradictions : tout le monde veut changer les choses, mais personne ne veut commencer.

Nota Bene :

Cette taxe rejetée restera peut-être le symbole d’une époque : celle où l’on préférait calculer les coups plutôt que tenir parole.

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