On dirait que la campagne présidentielle a déjà commencé… mais en mode brainstorming sous acide. La dernière perle nous vient de Gérald Darmanin, qui propose — sans rire — de supprimer l’argent liquide pour “lutter contre les trafics”. Le cash, c’est mal, donc supprimons-le. Voilà. Problème réglé, circulez.

Mais notre ministre de la Justice n’est pas le seul à jouer aux apprentis sorciers. À droite, c’est l’ébullition. Wauquiez veut “externaliser” les sans-papiers à Saint-Pierre-et-Miquelon — l’équivalent politique d’un “range ton bazar sous le tapis”. Pendant ce temps, son concurrent chez Les Républicains envisage une prison de haute sécurité en pleine forêt guyanaise, dédiée, en partie, aux narcotrafiquants. Pourquoi pas sur Mars pendant qu’on y est ?

Il y a quelque chose de fascinant dans cette tendance : dès qu’un sujet dérange, on l’éloigne. Loin des villes, loin des regards, loin des électeurs peut-être. Mais depuis quand “loin” veut dire “réglé” ?

C’est comme si on assistait à un grand concours Lépine de la répression : à celui qui proposera l’idée la plus extrême, la plus spectaculaire, la plus “coupe-ruban en province”. Le problème ? On confond communication et solution. Et au passage, on oublie que derrière chaque “idée choc”, il y a des implications humaines, économiques, logistiques… et souvent juridiques.

Supprimer l’argent liquide ne va pas stopper les trafics. Cela risque juste de marginaliser davantage les plus fragiles, ceux qui n’ont ni carte, ni compte, ni appli. Exiler les problèmes ne les résout pas. Et construire une prison en Amazonie, c’est surtout bon pour les images de drone — pas pour la justice.

Mais visiblement, à l’approche de 2027, tout le monde veut sa petite idée qui claque. Pas sûr que ce soit la démocratie qui y gagne.

Nota Bene :

On dirait que la présidentielle à venir n’est plus un débat d’idées, mais un défilé de slogans. Le plus bruyant l’emporte… pourvu qu’il ait une forêt ou une île à proposer.

À lire aussi : Le billet d’humeur d’hier