Et une de plus : l’ère Macron, collection judiciaire
La dernière à rejoindre la galerie ? Rachida Dati, ministre de la Culture, renvoyée en procès pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Renault-Nissan. Une histoire à 900 000 €, des prestations de conseil au parfum de lobbying, des souvenirs flous, et une défense énergique mais vacillante. On croirait presque à un scénario déjà vu. Et pour cause : dans ce gouvernement, les ministres qui ne sont pas inquiétés par la justice commencent à devenir l’exception.
Depuis 2017, les affaires s’empilent comme des dossiers sur un bureau de juge d’instruction un jour de grève. Damien Abad, ministre éclair des Solidarités, écarté dès 2022 après des accusations de viol, mis en examen en 2024. Olivier Dussopt, relaxé une première fois, puis condamné en appel pour favoritisme. Alain Griset, ministre aux PME, condamné pour avoir planqué une partie de son patrimoine. Sans oublier Nathalie Elimas, dix mois avec sursis pour harcèlement moral. Même les profils plus discrets finissent par avoir leur ligne dans les registres.
Et on ne parle pas ici de simples polémiques politiques : il s’agit de mises en examen, de condamnations, de relaxes parfois obtenues après des années de procédure — souvent via la très spéciale Cour de justice de la République, qui juge entre pairs et s’empresse parfois d’oublier.
Certains ont fait leur retour. François Bayrou, par exemple, blanchi dans l’affaire des assistants du MoDem (sous réserve d’appel), trône aujourd’hui à Matignon. Gérald Darmanin aussi, longtemps sous le feu des projecteurs pour des accusations de viol, a vu le non-lieu validé… et hérite du portefeuille de la Justice. Pas sûr que ça inspire confiance au justiciable lambda.
Alors, que reste-t-il à faire ? Peut-être publier un “Panthéon judiciaire du quinquennat Macron”, avec photos officielles, dates de nomination et de renvoi, verdicts en bas de page. Le plus triste ? À force de voir ces affaires se succéder, on finit par ne plus être choqué. La banalisation est là, tapie dans l’indifférence générale.
Et pendant ce temps, on nous répète que la République est exemplaire. À ce rythme, elle finira surtout exemplairement inculpée.
Nota Bene :
La Macronie ressemble de plus en plus à un album Panini judiciaire. À la fin du deuxième mandat, il ne manquera plus que les autocollants “mise en examen” pour compléter la collection.
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