Fraude fiscale : quand certains prennent tout le monde pour des idiots
Il y a des histoires qui font sourire, d’autres qui agacent. L’affaire du Petit Zinc à Lyon, institution des quais de Saône depuis 33 ans, oscille entre les deux. D’un côté, on trouve des journalistes attendris, émus par la détresse d’un cafetier “généreux” menacé de liquidation pour cause de “verres trop bien servis”. De l’autre, tous ceux qui connaissent un peu la restauration lèvent un sourcil : la main lourde, c’est surtout la main dans la caisse, et ça ne trompe personne.
Parce que, soyons honnêtes, il n’y a rien de mystérieux dans ce contrôle fiscal. Quand le fisc débarque et découvre que, sur 100 bouteilles achetées (soit 600 verres), seules 400 figurent dans les comptes, il pose une question simple : où sont passés les 200 autres ? C’est ici qu’on entend les histoires de “générosité”, de “verres offerts” et de “tradition lyonnaise”. Mais la vérité est bien plus prosaïque : ces 200 verres ont été servis, payés en liquide, et jamais déclarés. La fraude fiscale la plus classique du métier. Aussi vieille que les taxes.
Il ne s’agit pas ici de faire le procès d’un individu : qui n’a jamais vu, dans un café ou un resto, des notes “arrondies”, un ticket de caisse disparu, ou un service “amical” qui glisse entre les mailles du filet ? Le problème, c’est quand la pratique devient la règle.
Ce qui énerve, dans cette histoire, ce n’est pas le contrôle en lui-même. C’est la façon dont certains, pris la main dans le sac, viennent expliquer qu’ils sont “victimes d’un système injuste”, que la tradition lyonnaise veut qu’on arrose un peu plus, et que tout ça n’est finalement qu’un excès de zèle administratif. Mais qui peut croire, sérieusement, qu’on peut “perdre la trace” d’un tiers de ses verres, semaine après semaine, année après année, sans jamais s’en apercevoir ? Les inspecteurs du fisc ne sont pas des idiots, et les clients non plus.
Frauder, c’est risqué : c’est le jeu. Mais il faut le faire avec une certaine discrétion, un minimum de subtilité. Surtout, il faut éviter de prendre tout le monde pour des idiots : clients, journalistes, et même le juge du tribunal de commerce. Car derrière chaque “main lourde”, il y a souvent une main beaucoup plus légère quand il s’agit de déclarer les recettes.
Nota Bene :
Les histoires de fraude fiscale ne sont ni nouvelles, ni mystérieuses. Ce qui est fatiguant, c’est qu’on nous raconte encore des contes pour enfants. À Lyon comme ailleurs, le fisc ne tombe pas du ciel, il suit les traces que tout le monde voit.
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