Gouvernement le plus court de la V ème république. Sebastien Lecornu

14 heures chrono : le gouvernement le plus court de la Ve République

Je l’avais écrit hier matin, presque comme une évidence : ce gouvernement serait sans doute le plus court du quinquennat. Je n’imaginais pas que la prophétie se réaliserait aussi vite. Quatorze heures. C’est la durée de vie du gouvernement Lecornu, officiellement le plus éphémère de la Ve République. Même une série Netflix pilote dure plus longtemps. Tout s’est effondré dans un silence gêné, à peine le temps de défaire les cartons. À 10 heures, le Premier ministre présentait déjà sa démission, laissant derrière lui un pays médusé. Et pendant que les chaînes d’info tentaient d’enrober l’épisode d’une fausse gravité institutionnelle, les Français, eux, oscillaient entre consternation et fou rire nerveux.

Ironie du sort, ce gouvernement éclair laisse malgré tout une facture bien réelle. Chaque ministre touchera trois mois d’indemnité, environ 10 000 euros, et le Premier ministre, 16 000 euros. Le tout, à condition de ne pas exercer d’activité salariée pendant ce laps de temps. Mais un mandat de député ou de maire n’étant pas considéré comme un emploi, la porte reste grande ouverte. Et cerise sur le gâteau : même éphémère, le chef du gouvernement bénéficiera d’un secrétariat, d’une voiture de fonction et d’une protection pendant dix ans. Dix ans pour quatorze heures passées à Matignon. À ce rythme, il faudra bientôt créer une ligne budgétaire “anciens Premiers ministres de courte durée”.

Le plus surréaliste, c’est la suite. Plutôt que d’en tirer les leçons, le président a demandé à Lecornu, tout juste démissionnaire, de prendre encore 48 heures pour tenter de constituer une “plateforme commune” capable d’éviter une censure immédiate. Mais soyons sérieux : s’il n’a pas réussi à bâtir une majorité en un mois, comment le ferait-il en deux jours ? À ce stade, on ne parle plus de politique, mais de déni.

Cette séquence serait risible si elle n’était pas si grave. Car derrière l’absurde, il y a un pays à bout de souffle, gouverné par réflexe, sans vision ni cap. Un pouvoir qui s’accroche, des institutions qui vacillent, et des citoyens qui ne rient plus vraiment. Quatorze heures de gouvernement, dix ans d’avantages, et une éternité de désillusion. Le record est battu — mais à ce rythme, ce n’est pas sûr qu’on tienne jusqu’à la fin du quinquennat.

Nota Bene Discover

14 heures, c’est deux jours de travail de travail pour un Français ordinaire.Mais en politique, c’est visiblement suffisant pour décrocher dix ans d’avantages.Un symbole parfait d’un pouvoir qui n’a plus le sens des réalités.

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