On prend les mêmes et on recommence : le nouveau gouvernement Macron
C’est donc fait. Après des jours d’attente, Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu ont enfin dévoilé leur nouveau gouvernement. Et là, surprise… ou plutôt absence totale de surprise. On prend les mêmes et on recommence. Les visages changent à peine, les noms se répètent, et les erreurs aussi. On dirait une mauvaise série qu’on rediffuse chaque automne, en espérant que le public aura oublié la saison précédente.
Les Français, eux, n’ont rien oublié. Ils se souviennent de ces ministres déjà aux affaires, souvent épuisés politiquement, parfois désavoués dans les urnes, mais miraculeusement ressuscités dès qu’un remaniement pointe le bout de son nez. Bruno Le Maire, par exemple : sept années aux finances et le plus gros déficit budgétaire de l’histoire récente. Pourtant, il est nommé aux armées, comme un chef d’orchestre qu’on garde malgré le naufrage du concert.
Autour de lui, on retrouve l’habituel casting du pouvoir : Dati, Valls, Bergé… tout ce que Paris compte de figures recyclées, d’ex-ministres revenus d’entre les morts politiques. À ce niveau, ce n’est plus un gouvernement, c’est une brocante du pouvoir. Et l’on s’étonne encore que la confiance entre citoyens et dirigeants soit en ruine ?
Comment des gens supposément intelligents, cultivés et expérimentés peuvent-ils ne pas comprendre la plus simple des évidences : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce n’est pas de la philosophie, c’est du bon sens. Et le bon sens, visiblement, n’a pas été nommé au gouvernement.
Ce remaniement a tout d’un aveu : Emmanuel Macron ne change rien parce qu’il ne peut plus rien changer. Son pouvoir est réduit à un réflexe de survie. Après les Européennes, la dissolution, les législatives, les censures successives, il reste accroché à son fauteuil comme un capitaine qui refuserait d’admettre que son navire prend l’eau.
Mais pour combien de temps ? Les élections présidentielles approchent, à dix-huit mois seulement. Et si ce gouvernement, comme les précédents, tombe sous la censure, le président n’aura plus beaucoup de cartes à jouer. Il ne pourra pas éternellement nommer, limoger, renommer, dans une boucle sans fin. À force de tourner en rond, le système finit par s’user de lui-même.
On parle souvent de “nouvelle méthode”. Mais ici, c’est plutôt la méthode Coué : répéter que tout va bien, espérer que le pays y croie, et s’étonner ensuite de la colère des électeurs.
Peut-être que ce gouvernement sera le plus court du quinquennat. Peut-être aussi que ce sera celui de trop. Parce qu’à force de se moquer du réel, la réalité finit toujours par se venger.
Nota Bene :
Encore un remaniement sans renouveau.
Les visages changent à la marge, mais la politique, elle, semble figée dans un éternel recommencement.
Et si la vraie réforme, c’était de tourner enfin la page ?
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