On dit souvent que les temps difficiles créent des hommes forts, les hommes forts créent des temps faciles, les temps faciles produisent des hommes faibles, et les hommes faibles provoquent des temps difficiles. Et que ce cycle tourne, inlassablement, comme une grande roue de l’histoire.

Ce n’est pas une théorie. C’est une constatation.

La Seconde Guerre mondiale a broyé une génération entière, mais elle a aussi forgé des hommes solides, résistants, capables de reconstruire, d’innover, de faire tenir des nations debout sur des ruines encore fumantes. De 1945 à 1990, l’Europe et l’Occident ont vécu des décennies de stabilité, de croissance, d’amélioration continue. Les enfants des hommes forts ont grandi sans guerre, sans famine, sans effort majeur.

Et petit à petit, les repères se sont estompés. Le confort est devenu droit. L’effort est devenu option. La moindre contrariété est aujourd’hui vécue comme une agression. Le mérite est moqué, l’autorité contestée par réflexe, et le collectif sabordé au nom des petites revendications individuelles.

Il ne s’agit pas ici de regretter un passé dur ou autoritaire. Mais d’alerter : nous avons baissé la garde. Et l’histoire n’aime pas les peuples qui baissent la garde. Les signes ne trompent pas.
Quand on ne sait plus distinguer une difficulté d’un drame,
Quand on réclame sans participer,
Quand on critique sans agir,
Les temps difficiles ne sont plus très loin.

Et ils arrivent toujours avec les mêmes chevaux de Troie : peur, rejet, autoritarisme, populisme. Car quand la société s’affaiblit, elle cherche des hommes forts. Parfois, elle les fabrique. Parfois, elle les subit.

Nous sommes entrés dans la phase descendante du cycle. Et ce n’est pas une opinion, c’est une mécanique. Reste à savoir si ceux qui s’en rendent compte aujourd’hui auront le courage d’éviter que ça tourne encore plus mal demain.
Ou s’il faudra, comme toujours, que les temps difficiles reforgent, à nouveau, des hommes forts.

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