Nicolas Sarkozy en prison : la petite porte de l’Histoire
Dans quelques heures, Nicolas Sarkozy va entrer dans l’Histoire. Pas par la grande porte du Panthéon ni sous les dorures de l’Élysée, mais par une petite porte blindée, celle de la prison de la Santé. C’est là que l’ancien président de la République commencera à purger sa peine, devenant ainsi le premier chef d’État de la Ve République à connaître la détention. Une image forte, presque irréelle, qui fera date dans les manuels d’histoire politique.
On dit souvent que la République ne se venge pas, elle se souvient. Et cette fois, elle s’en souviendra longtemps. Nicolas Sarkozy rejoint malgré lui un club très fermé, celui des dirigeants passés par la case prison. Le dernier en date s’appelait Philippe Pétain, condamné en 1945. Pas tout à fait le même contexte, certes, mais la symbolique reste vertigineuse.
On imagine déjà la scène. Le vigoureux joggeur de Neuilly déposant sa montre et son téléphone, avant d’enfiler la tenue réglementaire. L’homme pressé, habitué à dicter le tempo, se retrouvera face au temps qui s’étire, aux journées identiques, au silence des murs. Son énergie risque de résonner bizarrement dans cet univers immobile.
Mais Sarkozy est un homme fort. Il entrera la tête haute, convaincu qu’il n’en a pas pour longtemps. Ses avocats trouveront bien un moyen de le faire sortir plus tôt, au nom de la santé, de la procédure ou de l’exemplarité du détenu modèle. En attendant, il lira. Beaucoup. Lui qui a toujours vanté les vertus du travail et de la culture va enfin avoir le temps de s’y consacrer sans interruption.
Peut-être même écrira-t-il. Un livre né derrière les barreaux aurait forcément un ton différent de ses précédents ouvrages. Plus intime, plus brut, moins calculé. Les confessions d’un président déchu, ça ferait un beau titre. Et le pire, c’est qu’il se vendrait probablement très bien.
Reste à savoir comment la France va accueillir cette image d’un ex-chef d’État enfermé. Avec indignation, compassion ou indifférence ? Peut-être un peu des trois. Car derrière la satisfaction ou la gêne, il y a surtout une étrange impression : celle que la politique française vient de franchir un cap symbolique.
Nicolas Sarkozy, l’homme pressé, devra désormais attendre. Le bruit des clés remplacera celui des micros. Et peut-être, entre deux lectures, se dira-t-il que la vraie liberté n’est pas seulement de sortir, mais de comprendre ce qui nous a enfermés.
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