Maserati Shamal : le coupé extrême qui a secoué les années 90
Dans le grand bal des voitures de légende, certaines débarquent sans prévenir, bousculent les codes et repartent aussi vite qu’elles sont arrivées, laissant derrière elles un parfum de scandale et d’admiration mêlés. La Maserati Shamal, c’est exactement ça : un coupé V8 biturbo aussi rare qu’explosif, signé d’un des plus grands designers italiens, débarqué à la toute fin des années 80.
Un modèle à part, radical, qui a osé défier Ferrari, Porsche et BMW sur leur propre terrain, tout en cultivant cette folie italienne qu’on croyait perdue. La Shamal, c’est l’orage dans la gamme Maserati : imprévisible, bruyant, fascinant.
Retour sur une étoile filante, devenue icône pour les amateurs de sensations et de rareté.
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Maserati Shamal : naissance d’un mythe sous le signe du vent
L’histoire commence en 1989. Maserati, alors sous la houlette d’Alejandro de Tomaso, veut frapper fort dans le segment des GT sportives haut de gamme.
Son nom : “Shamal”, un vent du désert persan, chaud et violent — tout un programme ! La Shamal vient couronner la gamme “Biturbo” (222, 430, Karif…), mais en poussant tous les curseurs au maximum.
Positionnée au sommet de la hiérarchie, la Shamal devait incarner la quintessence du savoir-faire Maserati : puissance brute, style ravageur, exclusivité totale.
L’objectif était clair : rivaliser avec les Ferrari 348, Porsche 911 Turbo et autres BMW M3, mais avec cette pointe de folie latine qui fait toute la différence.
Aucun compromis, aucune concession : la Shamal, c’est la Maserati pour les puristes, ceux qui n’ont pas peur de dompter le vent… ou de finir décoiffés.
Pour les curieux de mécanique, jetez un œil à la fiche technique de la Maserati Shamal
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Un design signé Gandini : audace et identité forte
Côté style, la Shamal ne fait pas dans la demi-mesure. Elle est dessinée par Marcello Gandini, le génie derrière la Lamborghini Countach, la Miura, la Lancia Stratos ou la Bugatti EB110.
Ici, Gandini se lâche : arches de roues élargies, passages de roues anguleux, ligne de toit très basse, montants arrière noirs très “musclés”, et cette fameuse arche centrale en plastique qui ceinture le pavillon — une signature visuelle unique.
La face avant est agressive, presque menaçante : phares escamotables, calandre noire, capot nervuré. À l’arrière, les feux sont minimalistes, et l’ensemble dégage une impression de puissance latente, presque sauvage.
À l’époque, la Shamal divise : certains la trouvent trop brutale, d’autres tombent immédiatement sous le charme.
Mais personne ne reste indifférent : la Maserati Shamal, c’est le coupé qui ose, le coupé qui tranche, celui qui annonce qu’il n’est pas là pour plaire à tout le monde.
Comportement routier : bête de course ou GT dévergondée ?
Sur la route, la Shamal est fidèle à sa réputation : un monstre difficile à dompter, surtout sur chaussée humide ou dégradée.
Son train arrière peut surprendre, le V8 biturbo demande de la poigne, et la direction est ferme. Mais pour qui sait l’apprivoiser, c’est une machine à plaisir pur, avec une agilité étonnante pour une GT de plus de 1 400 kg.
Le confort est typiquement Maserati : sièges baquets en cuir, instrumentation complète, mais une finition “à l’italienne” (avec son charme… et ses défauts).
La Shamal récompense l’engagement : plus on l’attaque, plus elle dévoile son vrai visage.
C’est une voiture qui fait battre le cœur — parfois à la limite du raisonnable. Mais n’est-ce pas ce qu’on attend d’une vraie légende italienne ?
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Sous le capot : le V8 biturbo en mode furie italienne
Si la ligne ne vous a pas encore assommé, ouvrez le capot : la Shamal embarque un V8 biturbo de 3 217 cm³ (type AM 479), 32 soupapes, double arbre à cames, 326 ch à 6 000 tr/min et 430 Nm à 3 000 tr/min.
La boîte manuelle Getrag à 6 rapports transmet la puissance aux seules roues arrière, via un différentiel autobloquant.
Résultat : le 0 à 100 km/h est abattu en moins de 5,3 secondes, la vitesse de pointe dépasse 270 km/h, et le son rauque du V8 vous transperce jusqu’à l’âme.
La suspension arrière à triangles superposés, les jantes OZ 17 pouces et les freins ventilés renforcent le pedigree sportif.
La Shamal, c’est la promesse de sensations brutes, d’accélérations bestiales, d’un turbo-lag à l’ancienne — bref, de tout ce qui fait vibrer les puristes.
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Rareté, collection et valeur aujourd’hui
Seuls 369 exemplaires de la Maserati Shamal ont été produits entre 1989 et 1996, ce qui en fait l’une des Maserati les plus rares de l’ère moderne.
Longtemps sous-cotée, la Shamal voit aujourd’hui sa valeur grimper en flèche : les exemplaires parfaits dépassent 120 000 €, et la demande explose chez les collectionneurs, notamment en Italie, au Japon, et de plus en plus en France.
La rareté, l’originalité du style et la brutalité mécanique expliquent cet engouement.
Acheter une Shamal, c’est miser sur l’exclusivité, mais aussi sur une cote en pleine ascension.
C’est aussi rejoindre un club très fermé — et accepter d’assumer la différence.
Crédit photo: artcurial
L’héritage Shamal : une Maserati à part
La Shamal a laissé une empreinte forte chez Maserati.
Sa radicalité a inspiré les modèles ultérieurs (Ghibli II, Quattroporte IV…), et son audace stylistique continue d’influencer la marque, même à l’ère du SUV Levante ou de la MC20.
Dans le cœur des passionnés, la Shamal reste la Maserati rebelle, celle qui rappelle que l’ADN de la marque, c’est d’oser là où les autres hésitent.
Elle symbolise l’esprit italien dans tout ce qu’il a de plus pur : passion, excentricité, élégance brute.
C’est peut-être pour ça que, trente ans après, on la regarde toujours comme un OVNI sympathique… et qu’on la voudrait tous, rien que pour sentir le vent du désert.
Conclusion
La Maserati Shamal n’a jamais cherché à plaire à tout le monde. C’est ce qui fait d’elle une véritable voiture de légende : rare, puissante, décalée, attachante.
Pour qui ose franchir le pas, elle promet un voyage unique dans l’Italie des années 90 — celle où l’audace et le V8 faisaient encore la loi.
Finalement, la vraie folie, ce n’est pas d’avoir conçu la Shamal… c’est de ne pas en rêver.
Nota Bene :
La Maserati Shamal, c’est l’esprit italien dans sa forme la plus brute. Un coupé rare, fou, inimitable, qui rappelle que la passion auto ne meurt jamais… surtout avec un V8 biturbo signé Gandini !
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