Budget 2026 : les socialistes se sont piégés tout seuls
Ils pensaient avoir joué finement. En refusant de voter la censure, les socialistes croyaient obtenir une victoire symbolique : le report de la réforme des retraites. Le gouvernement Lecornu leur a tendu la main, ils ont accepté. Sauf que cette main cachait un piège, et pas des moindres : le fameux report n’est pas une loi à part, mais une ligne du budget 2026. Résultat : pour obtenir ce qu’ils pensaient avoir déjà gagné, ils devront voter… tout le reste.
Et quel reste ! Derrière l’emballage technique du budget, on trouve une avalanche de mesures qui vont faire grincer bien des dents. Fiscalisation des indemnités journalières pour les personnes en longue maladie : une claque pour ceux qui souffrent déjà. Fin des exonérations pour les apprentis : on frappe une filière qui marche enfin. Taxation des tickets restaurant et des chèques vacances : on s’attaque à la petite bouffée d’air du salarié. Et cerise sur le gâteau, la suppression de l’abattement de 10 % sur l’impôt des retraités. Bref, tout ce qui tenait encore un peu debout est mis à contribution.
Alors oui, quelques niches fiscales disparaissent. Mais soyons sérieux : supprimer l’avantage des prix Nobel ou la réduction pour certains artistes résidant à l’étranger, c’est de la poudre aux yeux. On parle d’une poignée de contribuables en dix ans. Pendant ce temps, plus de 200 000 foyers basculeront dans l’imposition simplement parce que leur salaire a suivi… l’inflation. Ce budget sonne faux.
Les socialistes espéraient jouer les arbitres raisonnables. Ils deviennent les otages d’un texte qu’ils ne peuvent ni soutenir ni rejeter sans se renier. Comment voter un budget 2026 qui fiscalise les malades, les étudiants et les apprentis ? Comment expliquer cela aux électeurs ? La droite s’en frotte les mains, l’extrême gauche prépare déjà les banderoles. Et le gouvernement, lui, savoure son coup politique : piéger l’opposition sans bouger d’un millimètre.
Il y a parfois plus d’habileté dans un vote de censure que dans une abstention calculée. Ce piège budgétaire laissera des traces, et pas seulement dans les colonnes du Journal officiel. Aux prochaines municipales, ou lors d’éventuelles législatives anticipées, les électeurs n’oublieront pas qui a choisi de se taire au moment où il fallait parler.
Nota Bene :
Ce billet illustre comment un compromis politique peut se transformer en piège à retardement. Entre fiscalisation, inflation et contradictions partisanes, le budget 2026 pourrait bien devenir le boomerang de la gauche modérée.
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