Fin de l’avantage fiscal du E85 : quand l’État tire sur ce qui marche
Il fallait bien que ça arrive. Après avoir longtemps vanté le bioéthanol comme carburant vert et accessible, le gouvernement envisage de supprimer l’avantage fiscal du E85 dans son prochain budget. Autrement dit : taxer un carburant moins polluant, produit en France, soutenu par les agriculteurs, et adopté par des milliers d’automobilistes.
Avouons-le : il fallait oser.
Le E85, c’était pourtant la petite success story de la transition énergétique. Un carburant écologique, économique et populaire, qui permettait à une simple Clio de rouler pour moitié moins cher qu’en SP95. Les automobilistes y ont cru, les agriculteurs aussi.
Et maintenant que le système fonctionne — que les stations se multiplient, que les boîtiers de conversion sont homologués et que la filière s’est structurée — l’État décide de reprendre d’une main ce qu’il avait donné de l’autre.
Le motif ? Officiellement, “rééquilibrer les niches fiscales”. En clair : il manque de l’argent, alors autant le prendre là où ça grogne le moins.
Mais sur le plan écologique, c’est un non-sens total. Le E85 émet jusqu’à 50 % de CO₂ en moins, valorise les résidus agricoles et réduit la dépendance aux importations pétrolières. Taxer ce carburant, c’est un peu comme poser un radar sur une piste cyclable : absurde et contre-productif.
On parle beaucoup d’incitations à rouler propre, mais dans les faits, les signaux sont brouillés. Un jour, on nous promet des primes pour l’électrique ; le lendemain, on sabre les aides à la conversion ; et maintenant, on vise l’éthanol. À force de changer de cap tous les six mois, l’État finit par décourager même les plus motivés. Le message est clair : rouler écolo, oui… mais seulement quand ça rapporte au Trésor public.
Alors, qui perd dans cette histoire ? Les automobilistes modestes, bien sûr, mais aussi les producteurs français de bioéthanol, un secteur qui emploie des milliers de personnes et soutient directement notre agriculture. Tout ça pour grappiller quelques millions dans un budget à trous.
Nota Bene :
Supprimer l’avantage fiscal du E85, c’est punir ceux qui avaient fait le bon choix. Une décision courte vue, prise dans un brouillard budgétaire qui sent fort… le pétrole.
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