Vue arrière-gauche de la Volvo P1800 Jensen grise, voiture de collection emblématique suédoise des années 60.

Volvo P1800 : le coupé suédois qui défiait les GT européennes

Lorsqu’on pense à une GT des années 60, l’esprit se tourne volontiers vers l’Italie ou la Grande-Bretagne. Pourtant, en 1961, c’est une marque suédoise, habituellement associée à des voitures sérieuses et robustes, qui crée la surprise : la Volvo P1800. Ce coupé 2+2 au style intemporel va rapidement s’imposer comme l’une des plus belles réussites de l’industrie nordique, devenant au fil des décennies une véritable voiture de légende.
Symbole du raffinement scandinave autant que du savoir-faire de Volvo, la P1800 séduit immédiatement par son élégance et son originalité. À son volant, impossible de passer inaperçu : la P1800, c’est la rigueur suédoise dans un habit de star de cinéma.
Désormais reconnue comme une authentique voiture de collection, elle incarne à elle seule la capacité de Volvo à sortir du rang pour rivaliser avec les plus grandes GT européennes.

Crédit photo: classic-racing Volvo P1900

Volvo p1900 bleue

Un projet ambitieux pour changer l’image de Volvo

Dans les années 50, Volvo souhaite diversifier son image. Jusqu’ici cantonnée à des véhicules robustes et familiaux comme la PV444 ou la Amazon, la marque veut s’adresser à une clientèle plus jeune et plus internationale. L’idée d’un coupé sportif germe rapidement dans les bureaux de Göteborg.

Un premier prototype, la P1900 à carrosserie plastique, échoue dans les grandes largeurs. Mais Volvo ne renonce pas. Le design du futur modèle est confié au Suédois Pelle Petterson, alors jeune designer formé chez Pietro Frua à Turin. Cela explique la ligne latine du coupé, toute en courbes, avec un long capot, un coffre court, une ceinture de caisse galbée, et une proue expressive.

Pour les curieux de mécanique, jetez un œil à la fiche technique de la Volvo P1800.

Crédit photo: annonce-automobile Volvo P1800 Jensen

Une production délocalisée chez Jensen

Volvo n’a pas les capacités industrielles pour produire la P1800 en grande série. Elle fait donc appel à un sous-traitant britannique, Jensen Motors, installé à West Bromwich.

De 1961 à 1963, les premières P1800 (surnommées « Jensen » par les passionnés) sortent donc d’Angleterre. Mais la qualité de fabrication laisse à désirer. Volvo récupère rapidement la production à Lundby, en Suède, et rebaptise le modèle P1800S (S pour Sverige).

Volvo p1800 Jensen

Caractéristiques techniques et performances

La P1800 repose sur la base technique de la Volvo Amazon, ce qui lui confère une excellente fiabilité. Sous le capot, on retrouve un 4 cylindres en ligne de 1.8L (puis 2.0L), développant de 100 à 130 ch selon les versions.

La voiture n’est pas un monstre de puissance, mais elle s’adresse avant tout à ceux qui cherchent une conduite agréable, un confort de bon niveau et une présentation flatteuse. Boîte à 4 rapports + overdrive, freins à disque à l’avant, pont rigide à l’arrière : une mécanique simple et fiable.

Crédit photo: lalsace Roger Moore est Simaon Templar Le Saint

Volvo p1800 de Simon Templar dit Le Saint

Un style à part dans le paysage des sixties

La P1800 détonne dans l’univers Volvo. Elle ne ressemble à rien de ce que la marque a produit avant. Son style raffiné, presque exubérant pour une marque suédoise, tranche avec l’habituel conservatisme de Volvo.

Longue de 4,4 mètres, basse sur pattes, ornée de chromes et d’une calandre distinctive, la P1800 a du chien. Et le public le remarque. Elle devient une alternative sérieuse aux Alfa Romeo Giulia Sprint, Triumph GT6 ou MGB GT.

L’effet « Le Saint » : la star c’est la voiture

C’est en 1962 que la célébrité frappe à la porte. Dans la série britannique Le Saint, Roger Moore alias Simon Templar arpente Londres au volant d’une Volvo P1800 blanche. La voiture devient un personnage à part entière de la série, renforçant son image chic et décalée.

Initialement, la production de la série souhaitait une Jaguar Type E, mais Jaguar refuse. Volvo saute sur l’occasion. Bien lui en a pris : l’impact sur les ventes est immédiat, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Crédit photo: autoscout24 Volvo P1800 ES

Volvo p1800 ES

Une version break au charme fou : l’ES

En 1971, alors que le coupé commence à accuser le poids des ans, Volvo joue une dernière carte : la P1800 ES. Ce shooting brake reprend la mécanique de la P1800E (version à injection), mais avec une carrosserie 2 portes + hayon en verre, signée Jan Wilsgaard.

Le résultat ? Une voiture unique, au style inimitable, qui préfigure les break de chasse modernes. Si elle choque les puristes à sa sortie, elle deviendra très recherchée dans les années 2000, en particulier aux États-Unis.

Crédit photo: abcmoteur Irv Gordon et sa Volvo P1800S

Une longévité incroyable : la voiture de 5 millions de km

La P1800 est aussi connue pour sa fiabilité légendaire. L’exemple le plus célèbre est celui d’Irvin Gordon, un Américain qui a parcouru plus de 5 millions de km avec sa P1800S de 1966. Ce record homologué par le Guinness est souvent cité dans les campagnes marketing de Volvo.

Un record qui renforce l’image de la P1800 : celle d’une GT utilisable au quotidien, robuste, et attachante.

Cote et collection : une valeur en hausse

Longtemps sous-cotée, la P1800 voit aujourd’hui sa valeur grimper. Les premiers modèles Jensen, les versions E à injection et les ES sont les plus recherchées. Son image est restée intacte : chic, différente, intemporelle.

Son entretien reste raisonnable, grâce à une mécanique simple et la disponibilité des pièces. La communauté de passionnés est active, notamment en Suède, aux États-Unis, et en Allemagne.

Volvo p1800 de Irv Gordon

Conclusion : un classique trop longtemps oublié

La Volvo P1800 a mis du temps à être reconnue à sa juste valeur. Mais aujourd’hui, les amateurs de voitures de collection ne s’y trompent plus. Avec son design intemporel, sa fiabilité à toute épreuve et son passé médiatique, elle a tout pour séduire.
Et surtout, elle nous rappelle qu’au début des années 60, une marque nordique, en rupture avec les codes, a su imposer son idée du style et de l’endurance sur le marché des GT européennes.

Nota Bene :

La Volvo P1800 n’a pas seulement marqué la Suède : elle a prouvé qu’une voiture pouvait traverser les décennies et rester désirable, sans perdre son élégance ni son charme.

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