Jaguar Type E : le coupé britannique qui a marqué l’histoire
Dans l’histoire de l’automobile, peu de modèles ont su incarner à la fois le luxe, la performance et le style avec autant d’élégance que la Jaguar Type E. Présentée en 1961, cette icône britannique a immédiatement bouleversé le paysage automobile mondial, autant par ses lignes sculpturales que par ses performances dignes des plus grandes sportives.
Aujourd’hui encore, alors que les collectionneurs se l’arrachent et que les restaurations atteignent des sommets, la Type E reste la référence absolue de la voiture de collection. Véritable symbole de l’âge d’or automobile, elle continue d’inspirer les designers modernes, y compris ceux des électriques Jaguar récentes. Comme quoi, certaines courbes n’ont pas besoin d’être redessinées pour traverser le temps.
Crédit photo: Jaguar Heritage
Une révolution stylistique dès sa présentation
Lors du Salon de Genève 1961, la Jaguar Type E fit une entrée fracassante. Sir William Lyons, le fondateur de Jaguar, voulait marquer les esprits, et c’est peu dire que l’effet fut réussi. La voiture était à la fois basse, fluide, musclée et élancée, avec un long capot qui semblait interminable et une poupe arrondie, presque féline.
L’effet fut tel qu’Enzo Ferrari en personne la décrivit comme “la plus belle voiture jamais construite”. Rien que ça. Et il faut bien avouer que, même aujourd’hui, rares sont les modèles qui suscitent une telle unanimité visuelle. Le design est signé Malcolm Sayer, ancien aérodynamicien de l’industrie aéronautique, ce qui explique les formes très travaillées et efficaces sur le plan aérodynamique.
Véritable voiture de collection avant même la fin de sa carrière, la Type E incarne l’alliance parfaite du style et de la performance. Son élégance intemporelle en fait encore aujourd’hui un symbole du grand tourisme britannique.
Pour les curieux de mécanique, jetez un œil à la fiche technique de la Jaguar Type E.
Crédit photo: coolclassicclub
La Jaguar Type E et son héritage mécanique
La Type E n’était pas seulement belle : elle était aussi techniquement en avance sur son temps. Sous son long capot se cachait un moteur 6 cylindres en ligne de 3,8 litres (puis 4,2 litres à partir de 1964), issu de la Jaguar XK. Ce bloc délivrait entre 265 et 280 chevaux, une puissance impressionnante pour une voiture de série à l’époque.
Mais ce n’est pas tout :
- Suspensions arrière indépendantes, rares à l’époque
- Freins à disque aux quatre roues
- Structure monocoque avec berceau moteur, gage de légèreté
- Une boîte manuelle à 4 rapports, puis options automatiques
Le tout offrait des performances spectaculaires pour l’époque : plus de 240 km/h en pointe, 0 à 100 km/h en moins de 7 secondes, à un tarif nettement inférieur à celui des Ferrari ou Aston Martin. C’était une supercar à prix (relativement) accessible.
Coupé, cabriolet, 2+2 : trois variantes pour un même mythe
Au fil de sa carrière, la Jaguar Type E a été déclinée en plusieurs versions :
- Le Coupé “Fixed Head” (FHC), avec son toit fixe et ses lignes racées
- Le Cabriolet “Open Two Seater” (OTS), plus léger, très prisé aux États-Unis
- Le Coupé 2+2, apparu en 1966, allongeant la carrosserie pour intégrer deux sièges arrière (symboliques) et une boîte automatique optionnelle
Chaque version avait son charme, mais c’est bien le coupé série 1 qui reste le plus recherché par les collectionneurs, notamment avec les petits feux arrière verticaux et les phares carénés, supprimés ensuite pour des raisons de normes américaines.
Crédit photo: wikipedia
Trois séries pour une carrière mythique
La carrière de la Jaguar Type E s’étale de 1961 à 1975, divisée en trois grandes séries :
🔹 Série 1 (1961-1968)
- Moteur 3,8L puis 4,2L
- Design originel (phares carénés, petits feux)
- Intérieur très “Jaguar” avec cadrans chromés
- Considérée comme la plus pure esthétiquement
🔹 Série 2 (1968-1971)
- Phares non carénés
- Boucliers redessinés, clignotants séparés
- Intérieur simplifié
- Meilleure ventilation, confort en hausse
🔹 Série 3 (1971-1975)
- Nouveau moteur V12 5.3 litres
- Plus large, plus lourde
- Direction assistée de série
- Moins agile mais plus puissante et confortable
La série 3 marque la fin de la Type E… mais pas de son mythe.
La Type E et son succès outre-Atlantique
C’est aux États-Unis que la Jaguar Type E a trouvé son plus gros public. L’image du cabriolet britannique roulant cheveux au vent sur la côte californienne a durablement marqué l’imaginaire collectif. Jaguar a su adapter ses modèles au marché US :
- Volant à gauche,
- Normes de sécurité locales,
- Versions avec boîte automatique ou climatisation.
Plus de la moitié des Type E ont été vendues aux USA, et c’est encore là-bas qu’on en trouve aujourd’hui les plus beaux exemplaires restaurés.
Crédit photo: hessclassic
Un placement de choix dans la culture populaire
La Type E est rapidement devenue synonyme de glamour, de liberté et de raffinement britannique. Elle a figuré dans de nombreux films et séries :
Même dans certains James Bond, elle apparaît brièvement, même si la DB5 d’Aston Martin reste la star
Dans Austin Powers, bien sûr, avec un modèle psychédélique totalement customisé
Dans Mad Men, elle incarne la voiture de l’homme sophistiqué des années 60
Crédit photo: autocollec
Pourquoi la Jaguar Type E est-elle encore culte aujourd’hui ?
Plusieurs raisons expliquent la longévité du mythe :
- Son design intemporel, toujours admiré dans les concours d’élégance
- Sa fiche technique impressionnante pour l’époque
- Son accessibilité relative à sa sortie, ce qui l’a rendue populaire
- Sa facilité de restauration, grâce à l’abondance de pièces détachées
- Et tout simplement… parce qu’elle fait tourner les têtes partout où elle passe
La Type E est aussi un investissement sûr pour les collectionneurs : sa cote est stable, voire en légère hausse, et les plus beaux exemplaires partent parfois au-delà de 200 000 € dans les ventes aux enchères.
Une inspiration éternelle
Le style de la Jaguar Type E continue d’inspirer des générations de designers. Quand Jaguar a lancé sa F-Type en 2013, c’est bien l’ADN visuel de la Type E qui a servi de base. Long capot, posture ramassée, lignes tendues… la filiation saute aux yeux.
D’ailleurs, des sociétés comme Eagle en Angleterre proposent encore aujourd’hui des restomod de Type E, restaurées et modernisées, à des tarifs stratosphériques mais avec un niveau de finition hallucinant. C’est dire si l’icône reste vivante.
Conclusion : une voiture de légende à la hauteur de sa réputation
La Jaguar Type E n’est pas qu’une belle carrosserie. Elle est le fruit d’un savant équilibre entre style, technologie, performance et accessibilité. Elle a su séduire les amateurs de sportives, les esthètes, les célébrités et les pilotes, tout en restant fidèle à l’esprit britannique de Jaguar.
Encore aujourd’hui, croiser une Type E sur la route est un petit miracle. Mais à chaque fois, c’est le même frisson. Et ça, aucune fiche technique ne peut vraiment l’expliquer.
Nota Bene :
Icône du design et de la performance, la Jaguar Type E reste la quintessence de la voiture de collection : un mythe roulant que le temps rend encore plus désirable.
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