Voitures modernes : ont-elles encore une âme ?
Il suffit de marcher sur un parking d’hypermarché pour s’en rendre compte, toutes les voitures modernes se ressemblent. Même silhouette, mêmes écrans à l’intérieur, même silence sous le capot. On pourrait presque confondre une Peugeot avec une Hyundai, une BMW avec une Tesla. La personnalité, celle qui faisait qu’on reconnaissait une voiture au premier coup d’œil, semble avoir disparu comme une fumée d’échappement dans l’air du progrès.
C’est vrai, les voitures d’aujourd’hui sont techniquement irréprochables. Elles freinent mieux, consomment moins, polluent moins. Elles protègent mieux leurs passagers et corrigent même les erreurs du conducteur. Mais dans cette quête de perfection, elles ont perdu quelque chose d’essentiel, l’imperfection qui rendait chaque modèle unique. Le petit bruit du démarreur, la pédale d’embrayage capricieuse, l’odeur de l’essence froide le matin… Tout cela a disparu, remplacé par des capteurs et des bips.
Les constructeurs parlent d’expérience utilisateur, de connectivité, de mise à jour à distance. Mais une voiture n’était-elle pas avant tout une rencontre? On pouvait aimer ou détester une voiture, mais jamais rester indifférent. Aujourd’hui, on l’utilise comme on change de smartphone. Ce n’est plus une compagne de route, c’est un objet utilitaire, un peu froid, presque clinique. Certains diront que je fais mon vieux ronchon, mais quiconque a conduit une Alfa Romeo des années 80 ou une 205 GTI sait de quoi je parle.
Le pire, c’est que même le bruit disparaît. Ces moteurs qui vibraient comme des cordes vocales mécaniques sont remplacés par un souffle artificiel dans les enceintes. C’est peut-être ça, le progrès, du silence et des écrans, mais plus de frissons. Comme un concert en playback, parfait techniquement, mais sans émotion.
Et pourtant, tout n’est pas perdu. Il reste des passionnés, des artisans, des marques qui essaient encore d’injecter un peu d’âme dans leurs créations. Mais ce sont souvent des modèles inaccessibles, réservés à ceux qui peuvent encore se payer un moteur à essence. Pour les autres, il faudra se contenter d’un silence impeccable et d’un écran tactile sans poussière.
Alors, les voitures modernes ont-elles encore une âme ? Peut-être, mais elle se cache bien. Et il faut tendre l’oreille très fort pour l’entendre murmurer entre deux lignes de code.
Nota Bene :
Certains ingénieurs rêvent encore de redonner une âme à la machine, avec des sons retravaillés, des vibrations artificielles et même des parfums programmés. Comme quoi, même l’émotion devient aujourd’hui configurable.
À lire aussi : Le billet d’humeur d’hier