Voiture intelligente : quand la technologie commence à nous conduire
On l’appelle voiture intelligente, mais parfois on se demande qui, d’elle ou de nous, a vraiment toutes ses facultés.
Entre le freinage d’urgence, le maintien dans la voie et le régulateur qui gère la distance, on passe plus de temps à surveiller ce que la voiture décide qu’à conduire vraiment.
Certains disent que c’est le progrès. D’autres, qu’on est en train de devenir les passagers de nos propres voitures.
L’idée de départ est séduisante, rendre la route plus sûre, réduire les erreurs humaines, éviter les drames.
Mais quand votre voiture freine toute seule parce qu’elle a cru voir un piéton imaginaire, ou qu’elle refuse de dépasser parce qu’un panneau est mal lu, le progrès a parfois un goût de bug.
C’est un peu comme si un stagiaire perfectionniste avait pris le volant et voulait vous montrer qu’il connaît mieux le Code de la route que vous.
Les voitures intelligentes apprennent en permanence grâce à leurs capteurs et à leurs logiciels.
Elles lisent les panneaux, calculent la distance, anticipent les freinages.
Impressionnant, oui, mais il y a un hic, plus elles deviennent performantes, plus nous devenons dépendants.
On délègue peu à peu la vigilance, la concentration, le ressenti mécanique.
Et un jour, quand il faudra reprendre la main à 130 km/h parce que le radar de la voiture a perdu la ligne blanche, on réalisera que le vrai danger, ce n’est plus la vitesse, c’est l’excès de confiance.
On nous promet des véhicules entièrement autonomes d’ici peu.
Mais à force de déléguer, la conduite pourrait perdre ce qu’elle a de plus humain, la décision, l’instinct, l’émotion.
Une voiture ne tremble pas avant un virage, ne ressent pas l’adrénaline d’un dépassement, ne jette pas un œil amusé au conducteur d’à côté.
Elle calcule. Et si elle juge que ce n’est pas optimal, elle vous empêche d’essayer.
Alors oui, c’est peut-être plus sûr, mais c’est aussi un peu triste, non ?
Au fond, la voiture intelligente ressemble à ces assistants numériques qu’on aime détester, pratiques, polis, toujours sûrs d’eux, mais un peu envahissants.
Et si le vrai luxe demain, ce n’était pas d’avoir une voiture qui pense à notre place, mais une voiture qui nous laisse encore penser ?
Nota Bene :
La voiture intelligente promet de tout faire mieux que nous, mais elle oublie une chose essentielle : le plaisir de conduire ne se code pas.
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