Lyon : l’art d’avoir chaud sous un parasol à trous
À Lyon, on ne manque pas d’air. Surtout place Bellecour. Enfin… pas d’ombre, plutôt. C’est là qu’entre en scène la fameuse “ombrière” à 1,6 million d’euros. Une structure en bois posée sur des blocs de béton, tendue de bandeaux de tissus aussi espacés que leur largeur. Résultat : une chaleur toujours écrasante, un rendu discutable, et une promesse de végétalisation envolée comme un brin de menthe sur une pizza napolitaine.
Le maire écologiste avait pourtant juré de verdir la plus grande place piétonne d’Europe. Mais patatras : impossible de planter des arbres, le sol abrite un parking souterrain. Ce qu’un jardinier du dimanche aurait anticipé, nos élus semblent l’avoir découvert en cours de route. Qu’à cela ne tienne, on dégaine le plan B. Et quel plan ! Du bois massif, du béton en pagaille, des toiles tendues à cinq mètres du sol… et zéro fraîcheur en dessous. Si c’est de l’ombre, alors mon parasol de balcon est une cathédrale.
Cerise sur le compost : face aux critiques, la mairie tente maintenant de faire passer le tout pour une œuvre d’art. Sérieusement. Comme si un parasol à trous devenait subitement artistique dès qu’on dépasse le million d’euros.
Il suffisait pourtant de faire simple. Des tonnelles légères, végétalisées avec des plantes grimpantes, enracinées dans de grandes jardinières : un peu de verdure, un vrai rafraîchissement, et une promesse tenue. Mais non. À Lyon, on préfère le concept à l’efficacité, l’esthétique douteuse à la simplicité fonctionnelle.
Faut-il vraiment être ingénieur pour comprendre qu’un ruban de tissu à l’horizontale ne fera jamais de miracle thermique ? Faut-il un doctorat en urbanisme pour deviner que le bois massif, au lieu de s’effacer, alourdit visuellement tout l’espace ? On nous sert des illusions de verdure à coups de millions, et on s’étonne ensuite que la défiance envers les élus grandisse.
Lyon méritait mieux. Et nous aussi. Si on a les élus qu’on mérite, alors il est temps de hausser notre niveau d’exigence. Parce que là, franchement, on frôle l’absurde. Et l’été ne fait que commencer.
Nota Bene
À Lyon, l’ombre coûte 1,6 million et les promesses fondent comme neige au soleil. L’ombrière de Bellecour est peut-être une œuvre d’art… mais sûrement pas celle du bon sens.
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