Médiocrité au sommet de l’État : chronique d’un naufrage annoncé
Le délabrement de la France n’est pas le fruit du hasard. Il n’est pas dû à une série de malchances ou à des crises extérieures incontrôlables. Il résulte d’un phénomène bien plus inquiétant : la promotion méthodique de l’incompétence par nos élites.
Prenons un exemple concret. En 2009, Bruno Le Maire est nommé ministre de l’Agriculture. Un poste stratégique, dans un pays où l’agriculture reste un pilier historique et économique. Lorsqu’on lui demande ce qu’est un hectare, il répond qu’il ne sait pas. Qu’il est nul en maths. Sérieusement.
Déjà, première précision : ne pas savoir ce qu’est un hectare, ce n’est pas un problème de maths, c’est un problème de français. C’est ignorer le vocabulaire de base de son propre ministère. Mais passons. Personne ne peut tout savoir. Ce qui est grave, c’est qu’après avoir entendu le mot “hectare” 40 fois par jour pendant des mois, il ne se soit jamais donné la peine de se renseigner. Un mot. Une définition. Trois clics sur Google. Un sursaut d’intérêt, peut-être ? Rien.
C’est là que réside le vrai scandale : pas dans l’ignorance initiale, mais dans le refus d’apprendre. Dans l’indifférence. Dans ce confort de ceux qui savent qu’ils ne seront jamais sanctionnés pour leur incompétence.
Et ce n’est que le début.
En 2017, Emmanuel Macron arrive au pouvoir. Qui choisit-il pour piloter le ministère de l’Économie et des Finances ? Bruno Le Maire. L’homme qui se disait nul en maths. Pourquoi pas. Tant qu’on y est. Depuis, il a été reconduit quatre fois. Cinq gouvernements successifs. Cinq fois validé.
Et pendant ce temps, que s’est-il passé ? Une explosion du déficit public. Des prévisions constamment démenties par les chiffres réels. Une dérive budgétaire qu’on découvre plus grave à chaque audit. Et l’architecte de tout cela ? . Médiocre, mais inamovible.
Et pendant qu’il gérait les comptes du pays, que faisait-il aussi ? Il écrivait des romans. Il avait visiblement du temps. Peut-être trop. Certains diront que chacun a droit à une passion. D’accord. Mais lorsqu’on tient les finances d’un pays au bord de la rupture, peut-être que la priorité n’est pas la fiction, mais la réalité.
Alors non, le problème n’est pas Bruno Le Maire. Il est cohérent avec lui-même : il assume ses lacunes, ses centres d’intérêt. Le vrai responsable, c’est le système qui l’a placé là, et qui l’y a maintenu. Ce sont ceux qui, face à l’échec manifeste, n’ont rien corrigé. Ceux pour qui la loyauté ou le réseau vaut mieux que la compétence.
Quand la médiocrité devient une stratégie de carrière, le naufrage n’est pas un accident : c’est une direction.
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