Taxe sur les mutuelles : quand le gouvernement invente l’impôt invisible
On pensait avoir tout vu en matière de créativité fiscale, mais visiblement non. Pour financer le report de la réforme des retraites, une manœuvre politique destinée à éviter une censure parlementaire, le gouvernement a trouvé un nouveau filon, taxer les mutuelles. En apparence, cela paraît presque indolore. En réalité, c’est un impôt déguisé, sournois, et surtout universel.
Car une mutuelle, tout le monde en a une. Et toute mutuelle, quand elle est taxée, fait la même chose qu’une assurance habitation après une série de tempêtes, elle répercute le coût sur ses adhérents. C’est une règle aussi vieille que le principe même d’assurance. Si les dépenses explosent, les cotisations suivent. Autrement dit, la “taxe sur les mutuelles” deviendra très vite une hausse des primes de santé pour des millions de Français.
Le génie du dispositif, c’est qu’il ne s’affiche pas sur la feuille d’impôt. Non, cette fois, pas besoin de ligne supplémentaire dans le budget de l’État, les hausses seront directement gérées par les mutuelles elles-mêmes. Résultat, le gouvernement peut dire qu’il ne taxe pas les citoyens, tout en les laissant payer quand même. L’art du camouflage fiscal à la française.
Et pendant ce temps, on continue de répéter que la France est “l’un des pays les plus solidaires du monde”. Sans doute. Mais aussi l’un des plus taxés. Chaque fois qu’un problème budgétaire surgit, la solution semble toute trouvée : créer une taxe, inventer un prélèvement, rebaptiser une contribution. Rarement remettre en question la gestion publique, ou ces 1000 milliards de dette accumulés en sept ans, sans contrepartie visible.
Alors oui, cette nouvelle taxe sur les mutuelles n’a rien d’anecdotique. Elle coûtera quelques euros de plus à chaque assuré, chaque mois. Mais elle symbolise surtout une habitude devenue presque culturelle : celle de faire payer sans jamais dire qu’on fait payer.
Et si, pour une fois, on essayait de réduire les dépenses avant d’augmenter les prélèvements ? Question rhétorique, bien sûr.
Nota Bene :
Cette “taxe invisible” illustre une tendance bien française, celle d’enrober chaque impôt d’un joli ruban de bonne intention. Le problème, c’est que sous le ruban, c’est toujours le même portefeuille qu’on ouvre.
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