Ronds-points en France : quand la folie tourne en rond
La France est championne du monde. Pas en football cette fois, ni en gastronomie, mais… en ronds-points. Oui, ces carrefours qui fleurissent à chaque coin de rue, au point qu’on se demande si le pays tout entier ne tourne pas en rond. Selon une étude de DiscoverCars.com publiée en septembre, notre pays en compte 42 986 soit 65 % de plus que le Royaume-Uni, deuxième du classement. Une médaille d’or qui en dit long sur notre capacité à transformer la moindre intersection en parcours du combattant.
Il faut reconnaître que sur le papier, le rond-point, c’est génial. Sur un grand carrefour ou pour fluidifier une sortie d’autoroute, il remplace avantageusement les feux tricolores, réduit la gravité des accidents et améliore la circulation. Mais en France, on a cette tendance à l’excès, cette envie de mettre notre petite touche d’ingénierie partout. Résultat, il y en a de partout, jusque devant les lotissements, les écoles ou les ronds-points… qui mènent à d’autres ronds-points.
Et tout ça a un coût, évidemment. On estime qu’un rond-point coûte entre 100 000 et 1 million d’euros à construire. Si on fait une moyenne prudente autour de 300 000 euros l’unité, l’addition totale flirte avec les 12,5 milliards d’euros. Certes, ces ouvrages ont été construits sur plusieurs décennies, mais ça reste vertigineux. Autant dire qu’à ce prix-là, on pourrait financer une deuxième Tour Eiffel, ou offrir à chaque automobiliste un GPS avec option “éviter les ronds-points inutiles”.
Il y a quelque chose de presque poétique dans cette manie française. À croire que chaque maire rêve d’en laisser un à son nom, comme d’autres laissent une bibliothèque ou une salle des fêtes. On en voit partout, parfois fleuris, parfois décorés de statues improbables, de tracteurs anciens ou de dauphins en plastique. De vrais musées à ciel ouvert de notre imagination collective. Mais au volant, entre deux ralentisseurs et trois giratoires, on finit par se dire que la fluidité, ce n’est plus une priorité nationale.
Et si on gardait les ronds-points vraiment utiles, ceux qui évitent les feux et les carrefours dangereux, plutôt que d’en parsemer les zones pavillonnaires ? Après tout, tourner en rond, c’est amusant cinq minutes. Après, ça donne juste le tournis.
Nota Bene :
Avec 43 000 ronds-points, la France détient un record dont personne ne rêvait. Symbole d’une ingénierie parfois excessive, notre pays prouve qu’il n’y a pas que les roues des voitures qui tournent sans fin.
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