Un adolescent flou tend un smartphone affichant le logo TikTok avec un cadenas blanc, sur fond bleu contrasté.

TikTok interdit à 14 ans : mission impossible ?

Ils ont interdit les clopes à la plage, le Nutella à la cantine, et bientôt… TikTok dans les chambres d’ados. Emmanuel Macron vient d’annoncer vouloir interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, avec ou sans accord européen. Le ton est ferme, presque martial : “On n’attendra pas Bruxelles”. Mais au fond, une question clignote comme une alerte batterie faible : comment, au juste, compte-t-on appliquer ça ?

Parce qu’on ne parle pas ici de bloquer un site porno avec un avertissement de majorité en Arial gras. On parle de plateformes sur lesquelles les gamins passent des heures, parfois en toute discrétion, souvent avec la bénédiction passive des parents. À 12 ans, on maîtrise déjà mieux les VPN que ses conjugaisons. À 13, on crée un deuxième compte “propre” pour montrer à papa-maman. Et à 14, on connaît les “alt accounts” mieux que son code Pronote.

Alors oui, sur le papier, ça part d’une bonne intention : protéger les ados des dangers d’Internet, du harcèlement, des contenus toxiques. Qui peut dire le contraire ? Mais dans la pratique, l’idée ressemble à ces ralentisseurs posés en rase campagne : bruyants, visibles, et totalement contournés. Une belle annonce, un bel effet, et une efficacité qui reste à prouver.

Et puis il y a cette obsession du chiffre. Pourquoi 15 ans ? Pourquoi pas 13, 16, 17 ? Le code pénal, lui, fixe la majorité sexuelle à 15 ans. L’âge légal pour bosser ? 16. Pour voter ? 18. Pour TikTok ? On tire au sort ? À quel moment décide-t-on que liker une story est plus dangereux que livrer des sushis à vélo ?

Le vrai chantier, ce n’est peut-être pas d’interdire les réseaux. C’est de former les jeunes à les comprendre, à les maîtriser, à les traverser sans s’y perdre. L’école a encore un rôle à jouer. Les parents aussi. Et les plateformes, n’en parlons pas : elles sont capables de reconnaître un chien en slip mais pas un ado de 12 ans.

Mais bon. Il faut sans doute un peu rêver pour gouverner. Et dans les rêves de nos dirigeants, TikTok s’éteint à 20h comme un épisode de “C’est pas sorcier”.

Nota Bene :

Les ados d’aujourd’hui contournent les filtres comme on enjambait les portails de piscines municipales.
Et si l’État veut vraiment interdire TikTok à 14 ans… il faudra plus qu’un décret et une bonne intention.

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