Un homme fume devant un panneau d'interdiction, en plein air, dans un décor urbain contrasté

Fumer dehors interdit : regard (ironique) sur la nouvelle loi anti-tabac

Il y a des lois claires. Et puis il y a celles qui ressemblent à des messages brouillés dans un talkie-walkie. La toute nouvelle loi anti-tabac vient de rejoindre ce deuxième camp, avec une belle pirouette législative : désormais, il sera interdit de fumer… “à l’abord de” certains lieux publics. Voilà une formulation aussi précise qu’un GPS cassé.

Les écoles, les parcs, les abribus, les bibliothèques, les stades, les piscines, les jardins : tous ces espaces sont visés. Mais sans jamais vraiment être définis. L’“abord” d’un parc, c’est quoi ? Dix mètres ? Trente ? Le banc d’en face ? Ou la rue adjacente ? Si vous cherchez une réponse nette, passez votre chemin : cette loi ne donne aucun chiffre. Et ce flou-là n’est pas artistique, il est juridique.

Alors oui, protéger les jeunes des fumées est un objectif parfaitement légitime. Personne ne souhaite voir des enfants grandir dans un nuage de tabac. Mais pourquoi cette mesure est-elle à ce point mal calibrée ? Pourquoi désigner des zones mouvantes et invisibles à l’œil nu, au lieu d’interdire clairement dans l’enceinte des lieux concernés ? Peut-être parce que l’“abord”, lui, ne peut pas faire de recours devant le Conseil d’État.

Et surtout, pourquoi ne pas inclure les terrasses de café ? Ces espaces sont souvent bondés, fumants, fréquentés à toute heure… et pourtant, rien. Aucune restriction. Il y a là une étrange indulgence. Comme si la fumée devenait inoffensive à partir du moment où elle est facturée avec un expresso. Étonnant, non ?

En attendant, qui va contrôler les abords ? Les agents municipaux ? Les policiers ? Les passants indignés ? Et selon quels critères ? L’humeur du moment ? Une règle à la louche ? Voilà comment on fabrique une loi inapplicable : en semant de bonnes intentions dans une soupe d’imprécisions.

Fumer en plein air devient donc risqué. Non pas pour la santé – ça, on le savait déjà – mais pour le portefeuille. Car si vous êtes “à l’abord de”, vous pourriez écoper d’une amende, sans même savoir que vous étiez hors des clous. Un peu comme garer sa voiture sur un stationnement mal repeint : surprise garantie.

Et pendant ce temps, les jeunes scrollent TikTok devant des vidéos de puffs fluo. Mais chut. Ça, ce n’est pas “à l’abord de” la loi.

Nota Bene :

La formulation “à l’abord de” est peut-être la plus grande innovation floue de l’année. Il faudrait presque une brigade de géomètres pour l’appliquer sérieusement. Ou un compas géant, au choix.

Ne ratez aucun billet d’humeur

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *