carburateur triple corps moteur essence, photo détaillée du carburateur de voiture ancienne

Les carburateurs : cœur battant des moteurs avant l’injection

Avant l’injection électronique, il y avait les carburateurs. Ces petits chefs d’orchestre du mélange air/essence ont longtemps régné sous les capots, avec leur cliquetis, leur odeur d’essence, et leur caractère unique. Bien plus qu’un simple composant, le carburateur a incarné une époque entière de la mécanique automobile, celle des voitures anciennes et des passionnés qui réglaient leur moteur à l’oreille, au nez et au doigté.
Un carburateur bien réglé, c’était comme un café corsé au petit matin, ça réveillait tout le moteur d’un coup. Aujourd’hui, même si l’injection a pris le dessus, les carburateurs fascinent toujours les restaurateurs, les préparateurs et tous ceux qui ont connu l’odeur de la mécanique vivante.

Crédit photo: educauto

Carburateurs shéma de principe

Le principe de fonctionnement d’un carburateur

Un carburateur a une mission simple en apparence : mélanger l’air et le carburant dans des proportions précises pour permettre la combustion dans le moteur. Mais cette simplicité cache un fonctionnement d’une finesse remarquable, basé sur les lois de la dépression et de la mécanique des fluides.

Le cœur du carburateur, c’est le venturi, une portion rétrécie du conduit d’admission. Quand l’air est aspiré par les cylindres, il passe par ce rétrécissement, ce qui crée une dépression. Cette dépression aspire alors le carburant depuis une cuve adjacente par l’intermédiaire d’un ou plusieurs gicleurs, en fonction de la charge moteur.

Dans cette cuve, un flotteur permet de maintenir un niveau constant d’essence, à la manière d’un réservoir de chasse d’eau. Enfin, un papillon des gaz, actionné par la pédale d’accélérateur, module l’ouverture du conduit et donc le débit d’air… et indirectement celui du carburant.

Un carburateur bien réglé, c’est un moteur qui respire juste. Un carburateur mal réglé, c’est un moteur qui tousse, cale, fume ou refuse de démarrer.

Crédit photo: lorrtec-racing-parts weber double corps

Les différents types de carburateurs

Tous les carburateurs ne se valent pas. Il en existe plusieurs types, qui diffèrent par leur configuration interne, leur nombre de corps, et leur mode de fonctionnement. Voici les principaux:

● Carburateur à simple corps

Le plus simple, le plus courant sur les petites voitures ou motos. Il possède un seul conduit, avec un seul papillon des gaz et un jeu de gicleurs. Il convient parfaitement aux petits moteurs ou aux configurations économiques. Facile à régler, peu coûteux, mais limité en termes de performance.

● Carburateur double corps

C’est le carburateur le plus courant sur les voitures de milieu de gamme dans les années 70 et 80. Il existe en deux versions:

Synchrone : les deux corps s’ouvrent en même temps, pour un débit maximal. C’est la solution des moteurs plus sportifs.

Progressif : le premier corps fonctionne seul à bas régime, le second s’ouvre progressivement à mesure que l’accélérateur est enfoncé. C’est un bon compromis entre économie et puissance.

Carburateur Weber double corps

● Carburateur triple corps et configurations multiples

Sur certains moteurs multi-cylindres (notamment les 6 cylindres), on trouve des carburateurs à triple corps, souvent montés en double (un par rangée de cylindres). Cela donne des configurations spectaculaires , 3 double corps sur un V6, voire 4 sur un V8 !

Ces montages permettent une alimentation très précise, souvent utilisée en compétition, mais au prix d’un réglage pointu et d’un entretien rigoureux.

Crédit photo: pafclassic Solex

Carburateur solex

Carburateurs célèbres : Weber, Solex et compagnie

Derrière chaque carburateur mythique se cache souvent un nom : Weber, Solex, Dell’Orto, Zenith

● Weber

Sans doute la marque la plus emblématique. Les Weber italiens, souvent en double corps, ont équipé des Alfa Romeo, des Porsche, des Lotus, des Ford Escort RS… Leur rugissement caractéristique et leur réponse instantanée les ont rendus célèbres sur route comme sur circuit.

● Solex

Marque française présente sur des millions de voitures populaires, 2CV, R8, Peugeot 204… Moins sportive que Weber, mais extrêmement fiable et facile à entretenir. Elle représente l’automobile du quotidien d’une époque entière.

● Dell’Orto

Principalement utilisé sur les motos italiennes et les petites voitures sportives, Dell’Orto propose des carburateurs compacts, nerveux, parfois capricieux, mais performants.

Chaque marque a ses spécificités de réglage, ses modèles phares, ses adaptations selon les motorisations. Et chaque préparateur a sa petite préférence, souvent forgée à coups de tournevis et de jurons.

Crédit photo: paacsolex

Carburateur entretien

Réglage, entretien et spécificités d’usage

Régler un carburateur, c’est un art. À l’époque, il n’y avait ni capteur lambda, ni analyseur de gaz d’échappement dans le garage du coin. On réglait à l’oreille, un ralenti trop haut ? On baisse la vis de richesse. Une montée en régime poussive ? On joue sur la vis d’air. Un moteur qui fume noir ? Trop riche. Blanc ? Trop pauvre.

Un carburateur comporte plusieurs circuits :

  • Ralenti : gère le fonctionnement au point mort
  • Principal : pour la conduite normale
  • Accélération : avec pompe de reprise pour les coups de gaz
  • Starter : pour le démarrage à froid

L’entretien passe par :

  • Le nettoyage des gicleurs et du corps
  • Le remplacement des joints et membranes
  • La vérification du flotteur
  • La synchronisation (sur moteurs multi-carbus)

Un carburateur mal entretenu peut vite devenir un cauchemar : démarrages difficiles, trous à l’accélération, surconsommation, pollution excessive.

Crédit photo: autoboost pompe injection

Carburateurs vs injection : un duel inévitable

La mort du carburateur a commencé dans les années 80. Les normes antipollution, les exigences de précision de dosage, les démarrages à froid automatisés… autant de domaines où l’injection électronique fait mieux.

Avec l’injection, plus besoin de réglage manuel. Un capteur détecte la température, la charge moteur, la position de l’accélérateur, et l’unité de commande électronique ajuste l’injection en temps réel.

Les avantages sont nombreux :

  • Meilleur rendement
  • Moins de pollution
  • Démarrage à froid facilité
  • Moins d’entretien

Résultat : à partir des années 90, quasiment plus aucun constructeur ne propose de voitures à carburateur. Même les motos ont basculé dans les années 2000.

Pompe à injection

Ce qu’il reste aujourd’hui : oldtimers, motos, compétition

Mais attention, les carburateurs ne sont pas morts. Ils vivent encore dans :

  • Les voitures anciennes : restaurées, chéries, bichonnées
  • Les motos vintages
  • Certaines disciplines de compétition amateur
  • Les véhicules tout-terrain anciens ou à moteur simple

Ils ont même un avantage, pas de calculateur, pas d’électronique, donc faciles à dépanner, même au fond d’un champ.

Et surtout, ils donnent une âme mécanique qu’aucune injection ne peut égaler. Chaque accélération devient un dialogue entre le pied, la main et le moteur.

Conclusion

Les carburateurs font partie de ces pièces mécaniques qui ont marqué l’histoire de l’automobile. À la fois simples et complexes, rustiques et délicats, ils ont alimenté des millions de moteurs pendant des décennies. Ils ont donné naissance à des rugissements, à des odeurs, à des souvenirs. Aujourd’hui, ils sont devenus objets de passion, de collection, de nostalgie.
Et même si l’injection a pris le relais, il suffit d’un vieux moteur qui toussote pour se rappeler que, parfois, un tournevis et une bonne oreille valent bien un ordinateur de diagnostic. Les carburateurs, c’était ça, la mécanique vivante.
Même si les carburateurs ont peu à peu disparu, ils restent le symbole d’une époque où régler son moteur, c’était presque un art. Un tournevis, une oreille affûtée, et le moteur chantait juste. C’est un peu comme accorder une guitare vintage, rien d’électronique, mais tellement vivant.

Nota Bene :

Le carburateur n’était pas qu’un outil, c’était une personnalité mécanique à part entière. Ceux qui ont connu le son d’un double corps au ralenti savent que certaines musiques n’ont pas besoin d’électronique pour vibrer.

À lire aussi : Injection directe : gain technologique ou complexité inutile ?

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