Problème PurTech : la solution qui vire au cauchemar moteur
Dans le monde de l’automobile, certaines innovations partent d’une bonne intention… mais finissent en cauchemar mécanique. C’est exactement ce qui se passe avec le problème PurTech. Conçu pour réduire les émissions polluantes sur les moteurs essence de dernière génération, ce système équipe de nombreux modèles Peugeot, Citroën, DS, Opel et même certains Fiat. Sauf que derrière l’étiquette “écolo” se cache un vice de conception redoutable : la courroie de distribution qui baigne dans l’huile moteur, libère des particules qui viennent boucher la crépine de la pompe à huile. Résultat ? Plus de lubrification, et un moteur qui casse en quelques minutes. Retour sur une technologie vendue comme propre… mais qui salit bien des portefeuilles.
Crédit photo: fiches-auto Moteur 1.2L Purtech
Le problème PurTech : quand la dépollution devient toxique
Lancé dans les années 2010, le bloc moteur EB2 PureTech a pour ambition de proposer une alternative essence moderne et sobre, répondant aux normes Euro 6.
Trois cylindres turbo, injection directe, chaîne ou courroie variable selon les versions : sur le papier, c’est un concentré d’optimisation thermique.
Le système est censé être propre, compact, et économique. Il équipe une large gamme de véhicules du groupe Stellantis :
Peugeot 208, 308, 2008, 3008, 5008, Citroën C3, C4, C5 Aircross, DS3, DS7, Opel Corsa, Grandland, etc.
Mais très vite, les retours négatifs se multiplient. Voyants moteurs, surconsommation d’huile, perte de puissance, casse précoce.
Et dans l’ombre de ces symptômes, un schéma récurrent se dessine. Le point commun ? Un encrassement interne fatal.
Crédit photo: largus Courroie dégradée
Une courroie qui baigne dans l’huile : le vrai talon d’Achille
C’est le cœur du problème PurTech : la courroie de distribution dite “immergée”. Contrairement aux courroies classiques, celle-ci baigne directement dans l’huile moteur, pour réduire le bruit, les frottements, et améliorer la longévité.
Sur le papier, c’est ingénieux. Mais en pratique ?
La courroie se dégrade au contact de l’huile, surtout si celle-ci s’oxyde ou se charge en résidus de combustion. Des particules de caoutchouc se détachent, puis circulent dans le lubrifiant.
Le hic, c’est que l’huile est aspirée par la pompe à huile à travers une crépine située dans le carter.
Et quand cette crépine se bouche…
– L’huile ne circule plus.
– La pression d’huile chute brutalement.
– Et en moins de 3 minutes, le moteur est bon pour la casse.
Pas de lubrification = arbre à cames grippé, coussinets détruits, segments collés.
Et tout ça à cause d’un choix technique qui semblait malin… sur le PowerPoint du bureau d’étude.
Comment fonctionne (en théorie) le système PurTech
Au départ, l’idée derrière PurTech n’est pas mauvaise. Il s’agit d’un ensemble de technologies visant à réduire les émissions de CO₂ et de particules fines sur moteurs essence.
Cela passe par :
- Une injection directe,
- Un filtre à particules (oui, même sur l’essence),
- Une gestion thermique active (calorstat piloté),
- Et une distribution lubrifiée.
Le tout repose sur un calibrage moteur très fin, qui suppose une huile toujours propre, un usage fluide, et un entretien suivi au millilitre près.
Autant dire que dans le monde réel, avec de petits trajets urbains, des intervalles d’entretien rallongés et des huiles de qualité variable, l’équation devient explosive.
Crédit photo:mytracks Les points faibles des moteurs Purtech
Encrassement, vanne EGR, FAP : les effets en cascade
Outre la courroie, d’autres composants souffrent dans les blocs PurTech. La vanne EGR, chargée de recycler les gaz d’échappement, s’encrasse prématurément.
Le filtre à particules essence (GPF) finit saturé, entraînant des régénérations de plus en plus fréquentes, souvent incomplètes.
Des bougies grillées à 20 000 km, des injecteurs encrassés, des sondes lambda en alerte… toute la chaîne souffre d’un encrassement chronique.
Le problème PurTech, ce n’est pas un simple bug : c’est une dérive systémique.
Et tout commence par cette fameuse courroie humide.
Crédit photo: automobile-sportive Moteur 1.2l Purtech ouvert
Coûts, galères et sentiment d’injustice côté conducteur
Les témoignages affluent sur les forums :
“Voyant moteur à 55 000 km”, “Courroie fondue retrouvée en bouillie dans le carter”, “Pression d’huile nulle, moteur HS”, “Garantie refusée pour défaut d’entretien”.
Les concessions sont souvent dépassées. On change la pompe à huile, le carter, la crépine, les coussinets, le bloc entier parfois… factures entre 3 000 et 7 000 €.
Des procédures collectives ont été entamées. Certaines extensions de garantie ont été proposées, mais rarement rétroactives.
Ce qui choque le plus les utilisateurs, ce n’est pas la panne elle-même, c’est la surprise d’une casse majeure sur une voiture récente, parfois même entretenue dans le réseau.
Le message reçu est brutal : « C’est votre faute, pas celle de la technologie. »
Difficile à avaler, surtout quand la panne est connue, documentée, et structurelle.
Crédit photo: Renault
Peut-on éviter le problème PurTech ?
Oui… et non. Quelques bonnes pratiques peuvent limiter les dégâts :
- Vidanges tous les 10 000 km maximum (au lieu des 20 000 recommandés),
- Utilisation exclusive de l’huile PSA homologuée,
- Surveillance régulière du niveau et de l’aspect de l’huile,
- Éventuellement, ajout d’additifs nettoyants entre deux entretiens,
- Et bien sûr, écouter les premiers signes : bruit de distribution, à-coups, alertes fugitives de pression.
Mais même avec tout ça, le vice de conception reste là : une courroie humide est un point faible structurel.
Le vrai remède ? Repenser la chaîne de distribution. Mais ça, c’est pour les générations suivantes.
Conclusion
Le problème PurTech est un cas d’école : une technologie bien intentionnée, mal maîtrisée, et aux conséquences coûteuses.
Le moteur essence moderne n’est pas une panacée écologique : il reste soumis aux mêmes logiques de complexité, d’optimisation extrême, et de tolérance zéro à l’erreur.
En voulant faire plus propre, on a créé plus fragile.
Et pour beaucoup de conducteurs, ce rêve d’automobile verte s’est transformé en naufrage mécanique.
Nota Bene
Quand une technologie censée sauver la planète flingue votre moteur, difficile de rester zen. Le problème PurTech, c’est un peu l’écologie en mode panne sèche.
À lire aussi : Moteur 4 Temps : Ce Que Tout Passionné Devrait Savoir